Historique

La création du regroupement des arts de rue du Québec en 2009 est issue de la volonté des artistes et des organismes professionnels du milieu de rassembler les compagnies et les artistes de rue, qui exercent leurs disciplines artistiques de façon professionnelle sur des sites au cœur de l’espace public et/ou hors des lieux culturels conventionnels.

C’est en 1950 que le Québec se familiarise avec la création en espace public et s’y affectionne. De nombreux artistes du théâtre, de la musique, de la danse et du cirque, de la marionnette, trouvent dans cette forme libre un véhicule privilégié pour une rencontre plus riche avec le public et pour nourrir leur créativité sans borne. Les arts de rue ont la caractéristique de s’adapter aux lieux de représentation et sont parfois même conçus en fonction des spécificités d’un site en particulier. Ils se fondent sur une grande richesse de métiers et de disciplines artistiques dont la scénographie fixe ou portative, adaptable aux publics divers rencontrés dans l’espace public.

Depuis le dernier quart du XXe siècle, les principaux festivals du Québec proposent des arts de rue à leurs programmations, notamment les festivals Juste Pour Rire, de Jazz, Francofolies, d’été de Québec comme de nombreux festivals en régions, à Sherbrooke, Trois-Rivières, Baie-Saint-Paul et Gaspé, le Festival de théâtre de rue de Shawinigan, déménagé ensuite à Lachine.  Les grands événements font aussi appel aux arts de rue pour leur originalité, leur pluridisciplinarité et leur proximité du public, tels que l’organisation du  prestigieux 350e anniversaire de Montréal, en 1992.

C’est à ce moment que la pratique s’enrichit de rencontres avec des compagnies internationales présentées dans les festivals majeurs, de même que du concours des diplômés des écoles de théâtre. Un va-et-vient entre la salle, en hiver, et la rue, en été, s’amorce pour certaines compagnies qui traduisent en salle leurs expériences multidisciplinaires acquises en rue.

Certaines compagnies commencent même à rayonner à l’international, telles L’Ensemble Karel, Les Walkyries, Les Sages Fous, La Tête de pioche, L’Orchestre d’hommes-orchestre, LaboKracBoom ou Les Foutoukours.

Le 2 octobre 2005, pour la première fois, une table ronde convie tous les artisan.e.s œuvrant dans le spectacle de rue (artistes, diffuseurs.euses, producteurs.rices, …). Organisée par la compagnie de théâtre de rue Toxique Trottoir, à partir du thème Le théâtre de rue au Québec: un art en émergence? s’affirme la nécessité de stimuler la reconnaissance de cette pratique.

La conversation entre artistes, qui se vit comme une grande famille puisqu'ils sont toujours plusieurs dizaines à se côtoyer dans le cadre des grands événements du Québec, se poursuit. Elle culmine en 2008 avec l’organisation du 400e anniversaire de la fondation de Québec où sous l'égide de Michel Barrette, directeur de la programmation hors les murs, les compagnies des Arts de rue se retrouvent pendant plusieurs mois à performer côte à côte. 

Les déboires du Festival de rue de Shawinigan, néanmoins acteur fondamental dans le développement du milieu, mettent à mal, pour faute de paiement, plusieurs organismes qui se regroupent sous la coalition des artistes lésés . 

Ces différents épisodes contribuent à la naissance du Regroupement des arts de rue du Québec qui voit le jour le 16 mars 2009. L’association a pour but de réunir des artistes et des compagnies qui souhaitent faire valoir leur pratique artistique sur la scène ouverte québécoise. Le RAR du Québec, nommé  ainsi par ses membres, pérennise le développement d'un réseau de solidarité et d’échanges qui puisse faire reconnaître et assurer le déploiement de la pratique les Arts de rue du Québec sur le plan national et international. D’abord situé dans le quartier Villeray Centre-Nord, dans les locaux de La Cenne, le regroupement trouve aujourd’hui racine au sein du Centre Gabrielle-et-Marcel-Lapalme au cœur de Rosemont, quartier où les Arts de rue sont foisonnants.

Plusieurs événements sont alors organisés par le RAR pour rassembler les artistes. En 2010, le regroupement invite Floriane Gaber, autrice de plusieurs ouvrages sur les arts de rue: Comment ça commença; Les arts de la rue dans le contexte des années 70 et de Quarante ans d’arts de la rue pour répondre aux interrogations des membres et comprendre davantage la structure du secteur en territoire français. Cette mise en perspective avec la situation des arts de la rue au Québec sert de tremplin de réflexion pour le positionnement des artistes et des structures. Le RAR  s’affiche aussi lors de Rue Libre! La journée internationale des arts de rue et de la libre expression dans l’espace public pour revendiquer son appartenance à la grande famille internationale.

Un table ronde avec Les Sages fous, organisme de théâtre insolite, pour présenter leur parcours et aider au développement international des compagnies fait partie des différentes rencontres et formations qui se font alors de plus en plus fréquentes, outillant les artistes de rue à leur condition unique et particulière (visionnement de la série Les fous de la rue- table ronde sur les cachets, sur la médiation culturelle, etc..). Plusieurs bénévoles se dévouent alors à l’organisme, mettant sur pied le Tintamarre, journal des Arts de rue.

Anaïs Pourrit va pendant 6 mois, dans le cadre de son stage en Animation et recherche culturelle va en 2012 soutenir la production d’une première Levée de fun, événement festif où se côtoient entresorts et performances en tout genre à des fins de financement des activités du RAR. La levée de fond obtiendra le succès escompté et sera suivie par deux autres propositions festives dont le 29 fou où le Quartier des Spectacles finance un événement à la place Émilie Gamelin qui réunit plus de 40 artistes.

En 2013, Le RAR du Québec s’associe à Rideau pour créer un événement phare lors du marché qui, pour la première fois, laisse place aux Ars de rue. Une catégorie spécifique dédiée à la pratique est alors officialisée, une conférence y est présentée tandis que Nomadurbains et Toxique Trottoir se voient allouer une plage de présentation pour leurs spectacles respectifs.

Sans les moyens de ses ambitions, le RAR et le milieu des arts en espace public tout entier obtiennent un nouveau souffle grâce aux événements de speed paneling qui mettent en lien artistes et diffuseurs. Le projet rencontre un tel succès que pour sa troisième année en 2018, il est produit par le Conseil des arts de Montréal: 333 minutes Hors les murs et repris en 2019.

Le Conseil des arts de Montréal reconnaît dès lors les arts de rue comme une discipline légitime et offre aux artistes du milieu des subventions qui leurs sont spécifiquement dédiés. Une première au Québec! En plus de cette ouverture au milieu, en 2019, le CAM soutient financièrement le regroupement. Cette nouvelle autonomie accordée au RAR du Québec sert de fer de lance à un financement de différents bailleurs de fonds dont le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Conseil des arts du Canada qui mènera à l’embauche d’une coordonnatrice en 2018 et, ainsi, d'asseoir des réalisations plus audacieuses.

En 2018, le RAR réalise un partenariat avec CINARS, permettant à neuf compagnies de présenter une vitrine dans le cadre de la programmation de l’événement. Le Regroupement y tient également un kiosque, ce qui facilite les rencontres avec un ensemble de diffuseurs du Canada et de l’international. Mentionnons notamment que la présence du RAR à CINARS a permis une diffusion à Toronto pour 3 des compagnies et, pour une autre, un développement en Corée.

Au printemps 2019, le Regroupement organise, pour ses membres, une table ronde portant sur la diffusion en France avec, comme invité, Benjamin Ladjadj, artiste des arts de rue en France et ex-coordonnateur de l'organisme jumeau français du RAR, la Fédération Nationale des Arts de la Rue. Le RAR poursuit ses actions auprès des diffuseurs en partageant son site à une liste complète d’agents et en relayant aux compagnies des listes de diffusions. Plusieurs comités voient le jour et les membres du regroupement sont invité.e.s à s’y impliquer et à s’exprimer selon les enjeux qui leurs sont chers: le comité bonnes pratiques, par exemple, a pour intention d’offrir aux artistes de rue la possibilité d’agir sur leur condition, par le biais de projets ou d’actions concrètes. Le comité Aurillac et le comité CaméRAR seront, quant à eux, des bases solides et des lieux de discussion où se développeront des projets d’envergures. Plus récemment, le comité lieu du RAR propose une plateforme où est discuté et envisagé la fondation d’un lieu de création pour les artistes de rue.

En 2020 que le RAR participe à l’événement RIDEAU, le plus important rendez-vous francophone des arts de la scène en Amérique. Sous la bannière La Grande Messe du RAR, le Regroupement propose au public et aux diffuseurs un 5 à 7 festif dans le but de présenter le travail d’une quinzaine de compagnies en arts de rue devant près de 80 diffuseurs, en plus d’avoir un kiosque sur le site. L’événement fut une réussite et sera d’ailleurs reconduit en février 2022.

Depuis 2020, le RAR a vu son membrariat augmenter au même rythme que ses projets, ses offres de formation et ses outils de communication. Des initiatives tels que le CaméRAR, projet de captation vidéo par un vidéaste de profession s’adressant aux membres du RAR à très faible coût  sont certainement moteur de plusieurs nouvelles adhésions.

La mise sur pied d'outils communs comme un document de Clauses Contractuelles Types et des listes de diffuseurs sont offertes aux membres en plus des multiples formations pour tous les besoins et tous les niveaux, notamment la formation Dramaturgie en Espace Public offerte en collaboration avec la FAI AR, école dédiée à la création en espace public située à Marseille, ou la formation Bouffons animée par Dolorèze Léonard, célèbre artiste clownesque québécoise et cofondatrice du Cirque du Soleil.

C’est appuyé par un conseil d'administration engagé et sérieux que le RAR peut se vanter d’avoir aujourd’hui plus d’une soixantaine de membres artistes actifs, une quinzaine de membres partenaires en plus d’entretenir des liens internationaux notables avec des organisations de renom, à savoir pour exemple l’école de formation artistique Fai-Ar, le festival français Aurillac, pour ne nommer que ceux-ci.